L’Etre thérapeute

L’Etre Thérapeute

« Le mot « therapeutein », en grec, signifie d’abord soigner, prendre soin. Le thérapeute ne guérit pas, il soigne. C’est la nature qui guérit, c’est la vie qui guérit. Le rôle du thérapeute est de créer, ou de permettre les meilleures conditions pour que la guérison puisse advenir. Le médecin, au sens majuscule du terme, c’est la nature, et le thérapeute est là pour collaborer avec elle. »  Jean-Yves Leloup

 

Le thérapeute n’est pas celui qui éloigne la douleur, ou répond à une quête de bonheur superficiel, et de confort. Il est celui qui aide à traverser la vie telle qu’elle se présente, à dire un grand « Oui » à ses propositions, à trouver son équilibre dans le déséquilibre, la stabilité dans le changement.

Il n’a aucune recette miracle ou baguette magique qui résout tous les maux, et ne le souhaite pas. Il n’est pas là pour remplir un cahier des charges ou réaliser une performance. Il est là pour être en humanité, aimer, et laisser l’amour enseigner. Il connait des techniques, mais il sait qu’elles ne sont rien si elles ne passent pas par le prisme aimant et accueillant de son être. Il accepte les endroits de « je ne sais pas », les questions sans réponses, les silences qui dévoilent leurs secrets avec le temps. Il chérit son humanité, son cœur qui doute et qui saigne. Il n’a pas de projet pour l’être en face de lui, il s’applique à le voir de la façon la plus vaste possible, dans son plein potentiel, et nourrit cette vision.

Il a confiance en la vie et sa sagesse, et il a vécu de nombreuses fois ces moments – dans sa propre vie et en séance – où tout s’éclaire, se met en place et s’imbrique de façon miraculeuse. Ces instants de grâce où il a senti profondément que nous étions guidés, chéris, aidés. Ces instants qui dissolvent la moindre hésitation sur le fait que tout est parfait, dans le grand plan au-delà de tous les petits plans de notre théâtre humain.


 

Dans « tendre l’oreille », il y a « tendre ». Sans doute parce qu’écouter quelqu’un, c’est faire preuve d’une infinie tendresse.

Le thérapeute est un humain en chemin et propose sa présence aux autres marcheurs. Il fait la différence entre « contrôle » et « maitrise », la première relevant du désir fou de tordre, distordre la vie selon sa propre volonté – la deuxième relevant plutôt d’une forme de navigation fine sur les flots indomptés et les inévitables remous de l’existence.

Il a une formation longue et solide derrière lui, qui a ouvert les portes de sa perception et l’a amené à comprendre ce qu’est la véritable Connaissance : de l’ordre de l’éprouvé. Il est engagé sur un chemin de conscience et honore son engagement en plongeant régulièrement à la rencontre de lui-même, à travers diverses pratiques, celles qu’il transmet, et celles qu’il continue de découvrir.

Il écoute son intuition, il se laisse « inspirer ». Il écoute avec tous ses sens, son corps, son cœur, en présence de cet autre humain singulier en face de lui. Il ne peut sentir qu’en lui-même, dans cette cocréation unique de deux univers qui se rencontrent et forment ensemble un nouveau champ. Il prend le risque de se laisser toucher, de parler de lui lorsque cela lui semble juste, ne se cache pas derrière le masque du sachant ou de cette figure confortable de l’insondable.


 

Il a rencontré le sauveur en lui, et toutes les parts qui souhaitent encore se guérir aveuglément à travers l’autre, pour les mettre en lumière. Il sait que ses erreurs apparentes seront elles aussi des leviers, si elles sont vues et mises au travail avec honnêteté. Il a un espace de supervision dans lequel il amène ses interrogations et ses zones aveugles, afin de démêler la pelote de ce qui lui appartient.

Il sait que celui ou celle qui vient le voir a été motivé par de nombreuses raisons conscientes et inconscientes. Qu’il est question d’un échange d’informations sur une strate subtile, qui va se décliner en mots prononcés, compréhensions mentales, prises de consciences, vagues émotionnelles, contact corporel. Il se prête au jeu délicat d’être une surface de projection, à partir du filtre subjectif de l’autre.

Il sait qu’un accompagnement est régi par des paramètres qui le dépassent, et qu’il est le garant de sa pertinence, et de sa vitalité. Il est ce pilier de persévérance et de foi qui ramène à l’espace thérapeutique, afin de l’alimenter patiemment, d’y semer les bonnes graines. Il offre ce contenant suffisamment dense et protecteur pour s’y déposer avec confiance, s’y maintenir avec courage, et le quitter lorsque c’est le bon moment.

 

L’accompagnement thérapeutique : un espace du signifiant où tout est langage, une matrice de renaissance à soi-même.